Informations remises en forme à partir du site : http://www.freres-goncourt.fr/venteRetif/article.htm

Ce site, consacré aux frères Goncourt, donne quelques indications sur le goût des Goncourt pour Rétif et la présence des livres de cet auteur dans leur bibliothèque.

Lors d’une vente qui s’est déroulée à l’hôtel Dassault (7, Rond-Point des Champs-Élysées ; expert : Pierre Berès, vente aux enchères publiques organisée par Artcurial) le 8 mai 2004, a été proposé un exemplaire de La Vie de mon père, par l’Auteur du Paysan perverti , Neufchâtel et Paris, Le Jay, 1779, Ex-libris de la bibliothèque des Goncourt. Il a atteint le prix de 1 769 euros TTC.

Les frères Goncourt possédaient beaucoup de livres de Rétif dans leur bibliothèque. Outre Monsieur Nicolas et La Vie de mon père, furent vendus en 1897, après le décès d’Edmond : Le Nouvel Abeilard (1778, 4 vol. in-12), Les Contemporaines (1780-1785 ; 42 tomes en 21 volumes in-12 ), que les Goncourt ou Edmond seul avaient fait relier par Lortic, La Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans (1783), La Paysanne pervertie, ou les dangers de la ville (1784), Les Parisiennes… (1787 ; 4 vol. in-12), Ingénue Saxancourt (1789, 3 vol. in-12).

Sur son exemplaire de Monsieur Nicolas, Edmond avait écrit : « Le plus complet déboutonnage du moi intime en littérature. Curieuse dissertation du jouisseur du XVIIIe siècle ». Le livre a été offert à la vente après son décès (catalogue de la Bibliothèque du XVIIIe siècle, n° 599). Dans leur Journal (10 octobre 1861), ils écrivent : « Restif de la Bretonne est un homme qui a passé toute sa vie à raconter sa vie : et c’est le plus ennuyeux des écrivains ! Calculez le degré de crétinisme qu’il faut à un homme pour cela ! » Cependant Edmond fit relier Monsieur Nicolas, partiellement imprimé sur papier bleu (2 tomes en un volume ; 12 planches hors texte, 2 frontispices gravés à l’eau-forte, 2 petits portraits en médaillon, représentant le père et la mère de Rétif) en vélin blanc, la couverture ornée d’un médaillon contenant les initiales d’Edmond et Jules. Il fut adjugé à Drouot, le 31 mars 1897, 55 francs et acquis par Georges Hugo. On rappellera qu’au temps des Goncourt, la résurrection de Rétif a été opérée par un de leurs amis, Charles Monselet, avec son Rétif de La Bretonne, sa vie et ses amours (1854).

S’ils ne semblaient pas beaucoup apprécier Rétif, pourquoi l’ont-ils collectionné ? Une hypothèse évoque le plaisir qu’ils auraient eu à en contempler les illustrations. Sur la page de garde du Nouvel Abeilard, Edmond souligne l’existence de « Jolies figures dans le genre de Marillier », et les gravures de Binet pour Les Contemporaines étaient aussi qualifiées par Edmond de « nombreuses et jolies figures ». L’oeuvre de Rétif constituait sans aucun doute une source d’information pour le dix-huitième siècle. Mais peut-être trouvaient-ils aussi à sa lecture un plaisir secret et inavoué ?