La thèse de Gisèle Berkman « Filiation, origine, fantasme. Les voies de l’individuation dans Monsieur Nicolas ou le coeur humain dévoilé de Rétif de la Bretonne »  est publiée chez Honoré Champion, collection XVIIIe siècle, n°105, ISBN 978-2-7453-1446-8, 88€.

Commencé en 1783, achevé d’imprimer « à la maison » en 1797, Monsieur Nicolas ou le coeur humain dévoilé est une oeuvre hautement singulière, l’oeuvre-vie d’un ancien ouvrier-imprimeur cherchant dans la typographie une forme d’expressivité intégrale. Mais c’est aussi l’instrument de légitimation d’un auteur polygraphe jamais totalement reconnu par la République des Lettres, et la réécriture fantasmatique d’une existence hantée par la paternité et l’inceste. Et c’est enfin un texte qui occupe une place unique au sein de ces autobiographies d’hommes du peuple qui fleurissent au XVIlle siècle dans le sillage des Confessions de Rousseau. Comment lire Monsieur Nicolas, cette autobiographie fleuve d’un petit paysan bourguignon devenu prote puis auteur à part entière, se rêvant « fils de soi-même » ? Telle est la question qui oriente la présente étude, soucieuse de resituer Rétif dans le contexte historique et intellectuel du tournant des Lumières, et attentive à la texture singulière de la fable de soi. Précieux témoignage sur la vie rurale et sur l’imprimerie au XVIII’ siècle, exposé d’une « philosophie », mais aussi étonnante « revie », pour user d’un néologisme rétivien : Monsieur Nicolas est bien ce « livre vivant » au prisme duquel apparaissent d’autres Lumières, fascinantes autant qu’impures.

Vous pouvez lire un compte-rendu détaillé de la soutenance de cette thèse dans le n°33 des Études rétiviennes, p.201-203.