Les Contemporaines : 29 débuts d’histoires
LES CONTEMPORAINES
Vingt-sixième nouvelle
LE PREMIER AMOUR
p. 579-580
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LE LOUP DANS LA BERGERIE ET LE SORCIER
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p. 1673-1674
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Nicolas-Edme Rétif de la BretonneLES CRISES D’UNE JOLIE FILLE
La beauté est le premier des présents de la nature (car elle indique toujours une belle âme). Mais il n’en est pas moins vrai qu’elle cause souvent le malheur de celles qui la possèdent : elle attache sur leurs pas des hommes à passions vives, toujours dangereux ; elle les expose aux adulations, à la séduction, aux enlèvements , à la violence, et souvent à la corruption. Heureuses encore les belles personnes, si elles n’avaient à redouter que ces crises extérieures ! Mais il en est pour elles de plus dangereuses : c’est l’éducation d’enfants gâtés qu’on leur donne, l’admiration sotte, la pusillanimité, le gonflement de vanité ridicule de leurs parents, qui leur font négliger de former l’esprit des belles filles, de les contraindre, de les assujettir, de les rendre modestes, timides. Ils n’en font que des orgueilleuses, des égoïstes, des volontaires, qui finissent par se perdre, ou du moins par se rendre très malheureuses. Il n’en fut pas de même de la belle Cadette, dont on va lire l’histoire : elle n’éprouva que les crises extérieures, mais elle en eut de terribles ! Parcourez cette nouvelle, jeunes lectrices ; elle vous apprendra que la modestie seule et la défiance de vous-même peuvent vous garantir des pièges tendus à la beauté. |
*
Un riche négociant de Bourgogne, qui venait de mériter la noblesse, avait un fils et deux filles qui lui donnaient les plus flatteuses espérances. Le garçon, jeune homme fort étourdi et passablement fat, prit de bonne heure le parti des armes et courut dans les pays lointains chercher par les armes la gloire qui donne le lustre à la fortune. Il avait d’ailleurs en Amérique un oncle fort riche qu’il espérait y découvrir. Mais il remit ce dernier point au temps où il aurait acquis de la gloire.p. 901-902
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Nicolas-Edme Rétif de la BretonnePublié le 29 avril 2018
______________________________________________________LE MODÈLE
p. 881-882
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Nicolas-Edme Rétif de la BretonnePublié le 30 avril
______________________________________________________ Cent trente-et-unième nouvelleLA PETITE ÉCAILLÈRE
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p. 3107-3108
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Publié le 1er mai 2018
______________________________________________________ Quatre-vingt-quatorzième nouvelleLES QUIPROQUOS NOCTURNES
Ville immense, gouffre où tout se confond, Paris, que d’événements arrivent dans ton enceinte, où la raison et la vraisemblance également écartées, ne laissent au sage qui les découvre qu’un profond étonnement, avec la conviction intime que l’homme, toujours passif à l’égard des causes, est emporté par les effets qu’il croit avoir amenés. Tel est cet enfant qui, de la voix et de la main, écarte ou rapproche les nuages qui voilent le soleil. |
p. 2235-2236
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Publié le 2 mai 2018
______________________________________________________ Vingt-et-unième nouvelleLA FEMME À L’ESSAI OU LA JOLIE GOUVERNANTE
p. 487-488
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Publié le 3 mai 2018
______________________________________________________LA SYMPATHIE PATERNELLE
À six heures du soir, au mois de novembre, un homme bien mis, passant de la rue Saint-Honoré dans la rue de Grenelle, fut abordé par une petite fille de neuf à dix ans, qui lui demanda l’aumône avec des instances fort vives. Son importunité, loin de lui déplaire, le flatta. Il tira sa bourse, et en se disposant à lui donner quelques pièces de monnaie, il examinait, à la clarté des boutiques, les traits de la jeune mendiante. Il entrevit une figure aimable et qui promettait : un air fin, de beaux yeux ; le son de sa voix était doux et flatteur. |
p. 2531-2532
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Publié le 4 mai 2018
______________________________________________________ Quinzième nouvelleLA MORT D’AMOUR
Comme le temps s’écoule ! Hélas ! Il me semble que c’était hier que j’admirais, en traversant le pont Saint-Michel, deux jeunes beautés dont la vue élevait mon âme jusqu’à la beauté divine… (Beauté ! chef-d’œuvre de la nature, image visible de la Divinité, c’est un sentiment saint que ta vue excite dans l’âme innocente ; il ne devient dépravé que dans les cœurs corrompus !...) Toutes deux étaient brunes, mais le teint de l’une était d’une intéressante blancheur ; dans l’autre, c’était le brillant éclat des roses. La rose est la reine des parterres, mais le lis sied aux belles ; je préfère le lis aux roses : il marque une âme plus sensible, des sens moins chauds, un cœur plus tendre ; lorsqu’une douce émotion agite l’âme, il se change en roses, plus belles que celles de la nature… Lecteurs, ces deux beautés ne sont plus : celle au teint de rose a vu s’allumer pour elle les pâles flambeaux d’un triste hyménée ; un mari cénotaphe(qu’on me passe le terme) a enseveli ses jeunes appas, que la tristesse a bientôt dévorés… Pleurez, Amours badins, votre mère n’est plus…p. 381-382
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Publié le 5 mai 2018
______________________________________________________ Cent quatre-vingt-cinquième nouvelleLA JOLIE DANSEUSE DE GUINGUETTE
La jolie Gargotiere
La jolie tripière
La nouvelle débarquée
Quelle idée, de nous présenter les histoires de filles obscures, des classes les plus basses de la capitale ! À quoi cela servira-t-il ?... Lecteur indiscret, et mal à propos dédaigneux : à connaître le cœur humain. Ne lis-tu pas tous les jours avec empressement les relations trop souvent infidèles qui te peignent, ou peuvent te peindre, les mœurs des habitants d’O-Taïti, des Boshis, des Hottentots, des Sauvages d’Amérique ? Des hordes dégoûtantes des Tartares, ou des Bédouins de l’Arabie déserte ? Et tu refuses de reconnaître les Hottentotes de la capitale que tu habites ? Va, insensé, tu n’es pas digne de me lire… Ah ! Du moins crois-en l’auteur du Paysan-Paysanne, des Contemporaines et des Nuits de Paris : il sait ce qu’il faut à sa nation. |
p. 4335-4337
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Publié le 6 mai 2018
______________________________________________________ Deux cent cinquante-sixième nouvelleLA FILLE ENTRETENUE ET LA FILLE DE JOIE
Un jeune homme riche et de province montait la rue Saint-Jacques, lorsqu’il aperçut devant lui une charmante personne : sa mise, sa marche, son tour, sa taille, son pied mignon, tout inspirait en elle la volupté. Restait la figure. Mais ces annonces la faisaient supposer jolie. Le jeune homme doubla le pas, et au coin de la rue des Mathurins, il vit sa belle. Le visage n’était pas indigne des autres appas : c’étaient de beaux yeux noirs, qui ornaient une figure ovale, où régnait un rose tendre, broyée de brun. À ce mot, on croira que la jeune fille n’était pas aussi jolie qu’on s’y attendait. On se trompe : elle était la beauté même ; c’était une Cléopâtre (reine d’Égypte), si l’on veut, plutôt qu’une Galatée (blancheur de lait) ; une Mélanie (beauté brune) plutôt qu’une Chioné (blancheur de neige) ; mais elle n’en était pas moins belle. Et quelle femme fut jamais aussi provocante que la brune Cléopâtre ! Le comte de Burgis fut subjugué par la jeune fille qui lui parut d’une condition honnête, dans le marchand. Il la suivit par admiration d’abord, ensuite pour savoir sa demeure. Il ne pouvait retenir ses éloges, et dans la rue de la Sorbonne, qui est toujours solitaire, il hasarda un compliment auquel on ne répondit pas. De Burgis craignit de blesser la modestie de la jeune personne ; il garda le silence, et la suivit d’un peu plus loin. Elle fit un tour impatientant, même pour un homme épris. Elle alla dans la rue de Vaugirard, resta une heure dans une maison qui parut un couvent, revint par les rues de Tournon, des Quatrevents, celles des Cordeliers, des Mathurins, Saint-Jacques, des Noyers, la Place Maubert, Saint-Victor, des Bernardins, le Quai, le Pont de la Tournelle, la rue des Deux-Ponts, et s’arrêta au coin de celle des ***, au-delà du Pont-Marie. C’était un limonadier. La belle ôta son mantelet, parut chez ses parents. Elle s’assit au comptoir, rit avec les pratiques, et montra par ce moyen de nouveaux charmes à son amant, un sourire enchanteur, des dents parfaites. Sa vivacité, sa gaîté, cadraient avec le feu de ses yeux ; bref, elle était adorable en tout. |
p. 6051-6052
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Nicolas-Edme Rétif de la BretonnePublié le 7 mai 2018
______________________________________________________ Deux cent quarante-huitième nouvelleLA BELLE LIBRAIRE, OU LA VIE DE LA ROSE ET LA MARÂTRE
LA JOLIE PAPETIÈRE, OU LA BONNE AMIE
p. 5879-5880
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 39
Nicolas-Edme Rétif de la BretonnePublié le 8 mai 2018
______________________________________________________ Cent quarante-sixième nouvelleLES PERRUQUIÈRES
Jeunes épouses, si vous m’en croyez, vous n’admettrez jamais, après votre mariage, une jeune et jolie personne familièrement dans votre ménage. L’homme est fragile ; il aime le changement, surtout lorsque tranquillisé par votre honnêteté, la foi de vos serments, l’assurance de la loi, son amour est rassasié de vos faveurs et commence à s’assoupir. Je le répète, n’admettez jamais une jolie fille, fût-elle amie, commère, cousine, ou même votre sœur. Si vous ne m’en croyez pas, croyez les faits ; ils parleront mieux que moi.*
p. 3413-3414
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Publié le 9 mai 2018
______________________________________________________ Cent vingt-sixième nouvelleLA BELLE BOUCHÈRE OU L’ÉPOUSE DU MARI LÂCHE
De quelque état que soit une fille, il ne suffit pas d’être belle pour y obtenir de la distinction. Il faut en outre des qualités ; que le sort et le mérite contribuent également à donner des aventures qui tirent une jolie personne de la sphère commune. Ainsi quelque beauté qu’ait eue la célèbre bouchère du Petit-Marché, il ne sera pas ici question d’elle. Une autre bouchère, qui eut dans le temps des aventures frappantes ne peut entrer dans ce recueil : elle est du commencement du siècle, et trop éloignée de nous. Peu s’en fallut (dit-on), que cette belle n’épousât un duc : ce fut un oncle cardinal qui empêcha son neveu de se donner cette satisfaction. Enfin, par la même raison que je viens de donner, je ne saurais faire usage de l’histoire d’une troisième jolie personne de cet état, qui a joui d’une fortune brillante et dont l’esprit, les lumières égalaient la beauté. Je regrette infiniment cette dernière : il est mille traits agréables, saillants, anecdotes dans sa vie, qui auraient embelli une nouvelle et qui l’eussent rendue l’une des plus intéressantes de cette nombreuse collection.*
Il y avait dans le voisinage une jeune et jolie personne, restée orpheline avec son frère dès l’âge de treize ans. Ce frère en avait environ vingt-six et il aimait tendrement sa sœur. Ils demeuraient ensemble. Le frère, par une générosité digne d’un excellent cœur, mettait sa sœur de part égale dans les profits du commerce, et Gabrielle de son côté, s’occupait avec zèle, malgré sa jeunesse, de l’intérieur du ménage. Chacun remplissant ainsi le devoir qu’il s’était imposé, le frère et la sœur vivaient dans une intimité parfaite, qui les faisait admirer de tout le voisinage. Gabrielle, à seize ans, fut charmante : elle était grande, faite au tour, et possédait au plus haut degré toutes les grâces des femmes de son état. Jamais on ne voyait d’homme lui parler que son frère, et quand par hasard elle sortait pour aller à la promenade, c’était avec lui. Loncil, qui cherchait à se marier, entendit parler de la belle Gabrielle la bouchère, dont on vantait, dans un âge encore tendre, les grâces, la sagesse, les qualités, qui la rendaient comparable par le mérite à une femme de quarante ans. Le libertin fut ému de ce portrait…
p. 3007-3008
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Publié le 10 mai 2018
______________________________________________________ Vingt-quatrième nouvelleL’AMAZONE OU LA FILLE QUI VEUT FAIRE UN ENFANT
Dans une ville de province[1], où j’étais en 1759, allant à la promenade du Parc avec des amis, je remarquai une dame d’environ vingt-six ans, habillée en Amazone. Elle était charmante et tenait par la main une petite fille mise comme elle, dont les charmes naissants promettaient d’égaler ceux de sa mère. Je demandai qui elles étaient. Un jeune conseiller de notre société me répondit : |
p. 541-542
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Publié le 11 mai 2018
LES ACTRICES DES VARIÉTÉS
p. 6257-6258
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Publié le 12 mai 2018
______________________________________________________ Soixante-treizième nouvelleLA MAÎTRESSE EN ATTENDANT ET LA FILLE EN CAGE
On dit qu’un père honnête homme, et fort riche, qui ne voulait pas marier son fils trop jeune et qui cependant était persuadé que le célibat est, plus qu’on ne peut le croire, contraire aux bonnes mœurs, donna lui-même une maîtresse à ce fils qu’il voulait préserver du libertinage. Les raisonnements sur lesquels il s’appuyait sont que dans les temps anciens, où les seigneurs vivaient isolés dans leurs châteaux et où leurs fils s’occupaient de la chasse jusqu’à trente ans sans connaître d’autres plaisirs, il était possible de détourner leur attention des femmes. Mais que dans les villes, où on mène une vie molle, efféminée, où les jeunes gens se communiquent leurs travers, leurs passions, leurs lumières, on n’a que le choix du mal. Il faut opter, ou risquer de tout perdre… Je ne fixerai pas le degré de mérite de ce raisonnement. Je ne l’ai rapporté que pour exposer les raisons de la conduite extraordinaire de ce père honnête homme. Cette dernière qualité semble donner du poids à sa démarche, et ce n’est qu’en tremblant qu’on ose l’envisager par son côté défavorable aux bonnes mœurs. M. de Carmanville (c’est le nom de ce père) avait un fils unique dont les dispositions heureuses lui promettaient une satisfaction solide. Mais le jeune homme avait des passions vives, et il était fils d’une mère qui avait donné quelques inquiétudes à son mari par ses galanteries, innocentes peut-être, mais du moins imprudentes. L’affreux libertinage avec ses suites effrayantes s’offrit alors à l’imagination de ce père. Il étudia son fils ; il lut dans son âme ; il suivit le développement de ses facultés, et lorsqu’il en fut temps, il voulut éviter que la nature sans guide ne l’égarât… Ne pouvant, ou croyant ne pouvoir conserver l’innocence entière, il se borna, dans ses craintes, à faire éviter le crime et l’abus des facultés… Il choisit une maîtresse à son fils…p. 1739-1740
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 12
Publié le 13 mai 2018
______________________________________________________ Vingt-huitième nouvelleLA MAUVAISE MÈRE
p. 623-624
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 4
Publié le 14 mai 2018
______________________________________________________ Quatrième nouvelleLA SOUBRETTE PAR AMOUR
p. 137-138
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 1
Publié le 15 mai 2018
______________________________________________________LES VINGT ÉPOUSES DES VINGT ASSOCIÉS
NOUVEAU MOYEN DE BANNIR L’ENNUI DU MARIAGE
Paris ! Séjour tout à la fois de délices et d’horreur ! Tout à la fois gouffre immonde où s’engloutissent les générations entières et temple auguste de la sainte Humanité ! Paris, tu es l’asile de la raison, de la vraie philosophie, des mœurs, aussi bien que la patrie du goût et des arts ! Ô Paris ! tu réunis tous les extrêmes ! Mais le bien est dans ton enceinte encore plus facile à faire que le mal. Reçois mon hommage, ville immense ! Jadis les nations subjuguées de la rampante Asie élevèrent des temples et des autels à la ville de Rome. Paris ! tu les mérites mieux que cette destructrice superbe : elle enchaîna les peuples et tu les éclaires, tu les égaies, tu les pares… Qui croirait, à entendre réciter ton nom dans les climats glacés du Nord où seul il donne l’idée de la joie, qu’il y a dans ton sein des cafards, des misanthropes, des hypocrites, des superstitieux, des tyrans, des fanatiques, des préjugistes, qui pensent qu’il est des hommes plus qu’hommes et des hommes moins que les brutes ! Oh ! Qui le croirait !... Semblable au soleil, ô Paris, tu lances au dehors ta lumière et ta bienfaisante chaleur, tandis qu’au dedans tu es obscure et peuplée de vils animaux. Cependant, n’es-tu pas le divin séjour de la liberté ? N’est-ce pas dans ton enceinte, où moi, pauvre homme, je coudoie hardiment le duc et pair, où j’ose respirer le même air et goûter dans le temple des beaux-arts les mêmes plaisirs que la souveraine ? (Souveraine auguste ! Continue de consoler l’humanité ; tes plaisirs sont des bienfaits, ils augmentent, ils ennoblissent les nôtres ; goûte-les, ils ne font que des heureux. Ah ! respirer le même air que toi, c’est respirer le bonheur même !) Ainsi, ô Paris ! tu m’agrandis à mes yeux, tu me consoles, et l’homme, longtemps avili par les préjugés des sots, se retrouve chez toi dans son originelle dignité !... Qu’entends-je chez le vil provincial ? Non chez le gentilhâtre seulement, fier de ses vains titres, mais chez le bourgillon sorti d’hier de la fange où rampent encore ceux qu’il méprise ? Qu’entends-je ? Comment ? Ce n’est que la fille d’un cordonnier, et cela se donne des airs d’être propre, d’avoir une coiffure !... Ils vont, et je l’ai entendu, jusqu‘à dire : d’être jolie ! Infâmes, seuls êtres vils de la nature, que vous dégradez, apostats, et de votre religion, qui prêche l’égalité, et des lois de la nature, et du droit des gens, et des principes de la raison et du bon sens. Infâmes ! Cette fille n’est-elle pas fille d’un homme ? Est-elle fille d’un singe, d’un ours ou d’un chien ! Ô malheureux ! Elle viendra peut-être (et je la désire malgré les maux dont elle serait accompagnée, je la désire pour vous punir), elle viendra peut-être cette révolution terrible où l’homme utile sentira son importance et abusera de la connaissance qu’il en aura (et cette manière de penser serait plus naturelle qu’aucune de celles que la mode a mise en usage), où le laboureur dira au seigneur : Je te nourris, je suis plus que toi, riche, Grand inutile au monde, sois-moi soumis ou meurs de faim…, où le cordonnier rira au nez du petit-maître qui le priera de le chausser et le forcera de lui dire : Monseigneur le cordonnier, faites-moi des souliers, je vous en supplie, et je vous paierai bien. — Non, va-nu-pieds, je ne travaille plus que pour celui qui peut me fournir du pain, des habits, de l’étoffe, du vin, etc. Malheureux provinciaux, vils automates, insensés préjugistes, qui flétrissez les gens utiles, qui les forcez de languir dans l’isolement et le mépris, que je vous hais ! Vous haïr ! C’est trop vous honorer ; non ; que je vous méprise ! que vous me faites de pitié ! |
p. 261-263
À quoi tendait ce panégyrique de Paris ? Suite demain…
… ou pages suivantes, ou Gallica, vol. 2
Publié le 16 mai 2018
______________________________________________________ Dixième nouvelle [Extrait n°2]LES VINGT ÉPOUSES DES VINGT ASSOCIÉS
NOUVEAU MOYEN DE BANNIR L’ENNUI DU MARIAGE
Dans une rue qui joint celle de Saint-Martin, demeurent plusieurs particuliers, de différents états utiles, dont voici l’énumération : un marchand drapier, un mercier, un clincailler, un coutelier, une marchande de modes, une maîtresse couturière, une marchande lingère, un marchand de vin, un boulanger, un boucher, un cordonnier, un tailleur, un chirurgien, un médecin, un procureur, un avocat, un huissier, un chapelier, un loueur de carrosses et un orfèvre bijoutier. En tout, vingt familles. Ces citoyens ont fait une salutaire confédération contre le malheur et la corruption : ils sont parvenus, par une institution sage, à se mettre au-dessus de tous les besoins de la vie, de tous les caprices du sort, en un mot, autant qu’il est possible, au-dessus des vicissitudes humaines. |
p. 264-265
Suite … pages suivantes, ou Gallica, vol. 2
Publié le 17 mai 2018
______________________________________________________ Deux cent-sixième nouvelleAUGUSTA OU LA FILLE QUI REFUSE SON AMANT POUR SON AMANT
Une jeune demoiselle de grande qualité était destinée, par deux familles, à un jeune seigneur d’égale condition : les parents du futur et ceux de la jeune personne désiraient également cette alliance, qui convenait parfaitement. La demoiselle était d’une figure charmante, de sorte que si on eût laissé aller les choses naturellement, et qu’on eût seulement procuré une entrevue, il serait vraisemblablement arrivé que le jeune homme aurait aimé Théophile Armande Joséphine*** D** de D**. Mais depuis longtemps, on répétait au jeune D* de F** qu’il devait épouser MlleD**de D** ; il la prit en haine par cette seule raison, et se figura qu’elle devait être laide, à proportion des motifs de convenance et d’intérêt qu’on ne cessait de lui faire valoir.p. 5015-5016
Suite… pages suivantes ou Gallica, vol. 33
Publié le 18 mai 2018
______________________________________________________ Cinquante-cinquième nouvelleLES PROGRÈS DE LA VERTU
U n honnête homme, nommé des Glands, passant un jour par la rue d’Anjou, faubourg Saint-Honoré , rencontra une petite femme sèche et bossue qui conduisait par la main une jeune et jolie personne d’environ treize ans, parée avec goût, et d’une manière si voluptueuse qu’elle en était indécente. M. des Glands ne pouvait empêcher ses regards de suivre cette jeune enfant, lorsqu’il s’aperçut que la petite vieille, charmée de son attention, lui souriait à demi. L’honnête homme s’approcha. « Voilà une aimable créature ! — N’est-ce pas, Monsieur, qu’elle est charmante !... » Et la petite lui prit la main d’un air fort libre. « C’est votre fille, Madame ?... — Sans doute. — Eh ! Qu’espérez-vous en faire ?... — Le bonheur d’un honnête homme. — Elle est bien jeune !... — C’est l’innocence même !... »
M. des Glands bouillait d’indignation. Mais dans l’intention où il était de sauver cette jeune infortunée, il résolut de dissimuler. « Avez-vous quelqu’un en vue pour elle ? — Oui, nous venons de la Chaussée-d’Antin, mais le Monsieur est malade. — Quel sort fait-il à cette enfant ? — Oh !... sa fortune. — A-t-il déjà réalisé ses promesses ? — Non, nous y allons aujourd’hui pour terminer. Il n’a vu qu’une fois Psyché (c’est ainsi qu’elle s’appelle) ; encore n’a-t-il pu lui parler, à cause d’un ami qui l’était venu voir et dont il se cache beaucoup. Mais il en était enchanté. — Quel âge a-t-il ? — Oh ! C’est un vieux, vieux… — Si Mlle Psyché veut me préférer, je lui ferai les mêmes avantages que ce vieillard débauché. — De tout mon cœur, dit la petite, car il me répugne. — Vous allez bien vite, ma’m’selle ! reprit la vieille. — Voyez, faites-moi vos propositions, ajouta M. des Glands. — Je vous les ferai chez moi », répondit la vieille.
On y alla sur le champ. C’était un petit logement fort pauvre, où M. des Glands trouva les anciens vêtements de Psyché. Il s’aperçut pourtant, non sans quelque surprise, qu’ils avaient été assez beaux et qu’ils indiquaient une condition au-dessus de celle de la vieille. Son intention n’était pas de solder le vice. Il tâcha de découvrir la vérité, bien résolu de faire une petite pension à cette femme, si elle était la mère de Psyché, ou de la faire punir, si elle n’était qu’une infâme séductrice et une ravisseuse. Mais il ne put obtenir tout d’un coup ces éclaircissements. Il fallut entendre la vieille faire l’énumération des belles choses que devait donner le vieux financier. « Je puis vous procurer tout cela, Madame, mais je veux être sûr de la conduite de Psyché. Pour cela, je la veux loger chez moi… (Cet arrangement fit faire une petite grimace à la vieille.) Quant à vous, je vous laisse maîtresse de l’accompagner ou de rester ici ; dans les deux cas, je vous assure une pension viagère. Voyez. (Ceci lui plut). — Vous êtes donc bien jaloux ! dit la petite. — Non, ma fille, mais je veux pouvoir me répondre qu’il ne vous arrive rien. »
La vieille, malgré l’offre de la pension, était fort indécise ! M. des Glands crut devoir aider à la déterminer par un peu de crainte. Sans affectation, il parla de son crédit, des connaissances puissantes qu’il avait, des magistrats, des ministres…
p. 1295-1296
Suite… pages suivantes ou Gallica, vol. 9
Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne
Les Contemporaines ou Aventures des plus jolies femmes de l’âge présent
Édition critique par Pierre Testud
Paris : Honoré Champion. Tome III. Nouvelles 53-80
Publié le 19 mai 2019
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LES PROGRÈS DU LIBERTINAGE
Principiis obsta, dit Ovide.
Opposez-vous au commencement du mal.
En suivant mon usage, de n’employer que des faits arrivés, cette nouvelle ne sera peut-être pas aussi saillante qu’elle aurait pu l’être : les gradations du vrai ne sont pas, le plus souvent, nuées avec la même exactitude que celles du vraisemblable. Mais l’honorable lecteur aura ici un autre avantage : il sentira que souvent il ne faut pas se reposer sur ces gradations et que dans la réalité, les circonstances font que très souvent le sujet qui se perd passe du premier pas au fond de l’abîme. Il n’en sera cependant pas tout à fait ainsi de l’héroïne de cette historiette : elle ne se perd que peu à peu. Mais je suis obligé de convenir qu’elle ne remplit pas mon but comme je le voulais. Je m’étais proposé de tracer un tableau également utile aux parents et aux jeunes personnes, en éclairant les premiers sur les ruses des petites-filles ; en prévenant les secondes sur les pièges que leur tendent les libertins et sur la manière insultante et cruelle dont ils les traitent lorsqu’ils sont parvenus à les subjuguer. Tous ces points ne se trouvent pas également remplis dans cette nouvelle. J’aurais pu y suppléer d’imagination, mais en ce cas, il aurait été plus court d’imaginer toute simplement une histoire, ce qui est absolument contre mon but. Ce préambule est long, mais il était nécessaire pour prévenir la critique des mal intentionnés, et ne pas mettre contre l’auteur ceux mêmes qui lui veulent du bien.
Il y avait à Paris, dans une des deux rues du Plâtre (je ne sais laquelle), une très jolie personne, pleine de mérite et de talents, qui sera l’héroïne de quelqu’une des nouvelles futures, nommée Mlle Élise Reidid. Cette jeune personne avait essuyé des malheurs trop réels, et se voyait réduite, après les plus hautes espérances, à rester fille ou à prendre un parti très ordinaire. Elle crut que l’honnêteté l’engageait à la seconde alternative, et qu’une fille vertueuse ne devait pas laisser libre et vierge la maîtresse d’un ancien amant qui venait de prendre une autre femme. L’homme dont Élise accueillit les vues avait une jeune nièce, d’environ quatorze ans, de la plus voluptueuse figure, nommée Fanchonnette Geti, qu’il proposa pour compagne et pour élève à sa future, dans la vue de cimenter leur liaison. Élise accepta. Fanchonnette vint demeurer avec la prétendue de son oncle, et en peu de jours elles furent liées de la plus tendre amitié. Cette intimité dura deux ans, c’est-à-dire tant que la petite Fanchonnette, au nez retroussé, à la bouche riante, au regard un peu trop assuré, fut encore une enfant.
Élise avait l’imprudence de recevoir encore quelques amis de l’homme dont elle avait compté si longtemps être l’épouse…
p. 1323-1324
Suite… pages suivantes ou Gallica, vol. 9
Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne
Les Contemporaines ou Aventures des plus jolies femmes de l’âge présent
Édition critique par Pierre Testud
Paris : Honoré Champion. Tome III. Nouvelles 53-80
Publié le 20 mai 2018
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Vingtième nouvelleLE MARI À L’ESSAI
Plus d’un lecteur rira, en voyant ce titre. Mais si je le remplis, ma gloire n’en sera que plus grande. J’avouerai naturellement qu’il y a plus de dix ans que son pendant me trotte dans la tête ; car j’ai trouvé inscrit sur des tablettes dont je faisais usage en 1770, lorsque je rédigeais les Mimographes, le titre de la Femme à l’essai. Je doute cependant que j’eusse pu les mettre à fin l’un et l’autre, si le hasard ne m’avait procuré en réalité ce que je voulais traiter d’imagination.
Un de ces jours, j’étais à l’Opéra, où toute la belle musique du chevalier Gluck ne m’empêcha pas de beaucoup souffrir. On étouffait, car cette diable d’Iphigénie en Tauride ne veut pas cesser de faire foule, toutes les fois qu’on la donne. En vérité, messieurs les Piccinistes devraient bien nous laisser un peu le champ libre. Mais pas pour un empire ! Ils veulent être là et se tenir à l’affût, pour observer s’ils verront quelqu’un bâiller. Ils y ont perdu leur temps et ne se découragent pas. Quant à moi, qui avais été au parterre de bonne heure, je tâchai de me distraire de la suffocation commençante par une conversation un peu animée. Elle roula d’abord sur le plaisir que j’avais de voir les Anglais bien battus ; ensuite je parlai musique ; ensuite littérature, et cela m’amena tout naturellement à mes nouvelles. Je citai celle de la Femme à l’essai, comme très difficile à traiter dans nos mœurs. « Parbleu ! m’a dit un fort bel homme d’environ trente-cinq ans, j’ai votre affaire, non pas précisément, mais à peu près : si vous voulez me donner rendez-vous au Café de la Régence, je vous ébaucherai votre ouvrage en vous racontant une histoire fort extraordinaire. »
Je n’eus garde d’y manquer. Mon homme vint. Nous fîmes le souper auquel Saintfoi donna un soir l’épithète grossière qui lui valut un coup d’épée, nous prîmes chacun une bavaroise, et mon homme commença son récit. J’attendais une Femme à l’essai et ce fut un mari qu’il me donna.
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"Je manque aujourd’hui, pour la première fois, à souper avec une femme très aimable, qui est la mienne, mais lorsqu’elle saura que c’est pour la célébrer, je suis sûr qu’elle m’excusera.
Jusqu’à l’âge de vingt-huit ans, je redoutais, non le mariage, mais les femmes. Toutes celles que j’avais connues m’avaient épouvanté. Épouser son égale, pensais-je, c’est se donner un maître ; prétendre à une femme au-dessus de soi est une entreprise aussi pénible qu’incertaine, mais réussit-on, c’est se forger des chaînes encore plus pesantes. Épouser une femme inférieure, il est presque sûr qu’on ne sera pas aimé et qu’on aura, ou une vile complaisante, ou peut-être même une effrontée sans pudeur, comme j’en connais, au lieu d’une compagne aimable… Ces tristes réflexions m’éloignaient du mariage, et j’y avais presque renoncé, lorsque la réunion de plusieurs circonstances me fit trouver un bonheur que je n’espérais plus…
p. 467-468
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Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne
Les Contemporaines ou Aventures des plus jolies femmes de l’âge présent
Édition critique par Pierre Testud
Paris : Honoré Champion. Tome I. Nouvelles 1-27
Publié le 21 mai 2018
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Huitième nouvelleLA FILLE DE MARCHAND ET LE GARÇON DE BOUTIQUE
Un riche marchand de la rue du Roule, d’une probité encore célèbre, et père de trois jolies personnes, dont chacune devait avoir en mariage cinquante mille écus, s’était fait un plan de conduite fort sage. Ce négociant était un philosophe, mais de la philosophie du grand Frédéric, c’est-à-dire qu’il était ardent, industrieux, et qu’il se croyait obligé de former autour de lui une sphère d’activité qui donnât la vie et la subsistance à tout ce qui l’environnait. Avec ces principes, il fit très bien ses affaires quoiqu’il eût commencé avec un fonds presqu’entièrement d’emprunt. Aussi M. d’Aubussat était-il de province et ses parents ne l’avaient pas, dès l’enfance, abreuvé de la pernicieuse maxime des Parisiens, qu’il faut jouir. Au contraire, il en avait une autre qu’il répétait souvent, et qu’il disait tenir de son père, c’est que se reposer sur ce qu’on a accumulé par son travail, c’est dissiper. |
p. 221-222
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 2
Publié le 22 mai 2018
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L’ANCIENNE INCLINATION
Un jeune homme originaire de Paris, mais dont la famille demeurait en province, étant venu dans la capitale pour chercher une place, fut quelque temps sans y réussir. Il avait cependant beaucoup de protections, et il était porteur de la plus agréable figure. Mais il voulait une place distinguée ; elles ne sont pas rares, mais fussent-elles centuplées, elles seraient encore plus difficiles à obtenir à cause du grand nombre de prétendants. Le jeune homme était donc de loisir, et il vérifia trop bien la première partie de cette maxime d’Ovide : |
p. 557-558
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 4
Publié le 23 mai 2018
[1]Vénus aime l’oisiveté/(L’amour fuit le travail) mène une vie active, tu seras tranquille. De Remedia Amoris, vers 143-144. ______________________________________________________ Cinquante-deuxième nouvelle
LA DÉDAIGNEUSE OU LA FILLE QUI SENT CE QU’ELLE VAUT
Amour ! Artisan du bonheur ! Hélas, ta divine chaleur n’abreuvera plus mon âme d’ivresse ! Mes sens s’éteignent ; le désir cesse de diviniser ces objets enchanteurs à qui j’ai porté mon constant et fidèle hommage. Céleste Julie ! Svelte et légère P-n-t ! Vive et sémillante P. r-z-t, dont le charmant sourire eût enflammé Narcisse et l’eût rendu infidèle à lui-même ! Majestueuse L*** ! Mignonne F-l-é ! Je vous admire encore, mais je ne vous désire plus ! Un dieu jaloux m’a ravi l’assaisonnement de la vie avant le temps où les glaces de l’âge ont coutume d’en détruire le germe fécond ! Une froide admiration, voilà tout ce qui me reste à vous offrir, filles de Cypris et sœurs des Grâces !... Je dis, comme la triste vieillesse : il fut un temps plus heureux, où je sentais au fond une source intarissable de ces tendres sentiments qui rendirent de Pontigni l’heureux vainqueur d’une dédaigneuse beauté ! |
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Un riche particulier de la capitale avait deux filles, toutes deux charmantes. L’aînée se nommait Fare-Adélaïde-Rose B** ; la cadette, Irène-Eugénie. Fare était belle, mais si fière, si dédaigneuse, que personne n’osait la regarder deux fois, tant son air méprisant intimidait à la première. Irène au contraire était vive, enjouée, sémillante, et d’une familiarité qui lui gagnait tous les cœurs. Ces deux filles avaient chacune en mariage un demi-million ; ainsi elles pouvaient prétendre à des partis fort relevés, la succession de leur père devant un jour porter leur fortune à cinquante-mille livres de rentes. Il s’en présenta plusieurs pour MlleFare. Mais quoique très distingués, aucun n’eut le bonheur de lui plaire et elle marqua pour tous une égale répugnance. Ses parents, qui désiraient fort de l’établir, furent très fâchés de l’éloignement que leur fille aînée marquait pour le mariage. Ils étaient à cet égard dans des dispositions bien contraires à celles de beaucoup d’autres gens riches ; c’est qu’ils auraient préféré que leur fille eût fait un choix, et qu’elle eût eu une inclination, à la voir marquer pour le mariage une sorte d’horreur. Ils pensaient et se disaient souvent avec chagrin, que le cœur de Fare semblait mort, ou ne respirer que la haine. En effet, telle qu’une autre Pallas, elle ne s’occupait que des ouvrages de son sexe ; elle y donnait tous ses soins, tout son temps, et ils absorbaient absolument son attention. Rien ne pouvait la tirer de ces amusements innocents et elle avait une sorte de répugnance pour tous les plaisirs qui peuvent favoriser la naissance d’un tendre attachement. Ce qui augmentait l’embarras des parents de Fare, c’est qu’il n’était pas encore possible de faire passer la cadette avant l’aînée : Irène avait six ans de moins que sa sœur, et Fare en accomplissait à peine dix-huit.p. 1193-1195
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 8
Publié le 24 mai 2018
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LA FILLE SÉDUITE PAR L’AMI DE LA MAISON
Pauline avait quinze ans. C’était une jolie brune, dont l’œil plein de feu annonçait un cœur facile à s’enflammer. Mais Pauline était innocente : une mère spirituelle, sans être tendre, lui avait par honneur donné une éducation propre à conserver longtemps sa candeur, au moyen du mélange heureux des choses à savoir et de celles à ignorer. Dans la maison, il venait d’habitude un homme d’un certain mérite. Il avait de la figure, des manières agréables, beaucoup d’esprit ; enfin c’était ce qu’on appelle un homme aimable, et même un bel homme. Il avait d’abord fait sa cour à la mère, mais cette femme, vertueuse par nonchalance, et n’estimant pas assez son mari pour se mette au-dessous de lui en le trompant, sut toujours se tenir sur les bords de l’intimité exactement. |
p. 449-450
Suite…pages suivantes ou Gallica, vol. 3
Publié le 25 mai 2018