« Actricisme » en image

Une histoire de l’actricisme [1] en image au XVIIIe siècle : plongée dans quelques estampes des ouvrages de Rétif de la Bretonne

par Claude Jaëcklé-Plunian, auteur de A propos des écrits sur le théâtre au dix-huitième siècle, SVEC 373 (1999), Voltaire Foundation, p.1-231.

Vous trouverez à l’adresse signalée à la fin de cet article une communication passionnante de Claude Jaëcklé-Plunian sur une série d’estampes de Louis Binet pour les Contemporaines qui ont toutes trait au monde du théâtre.

Il s’agit des deux derniers volumes de la série de nouvelles, les numéros XLI et XLII, consacrées aux femmes des théâtres. Rétif leur dédie quarante-quatre nouvelles qui sont regroupées en deux sous-titres : « Les Femmes des grands théâtres » et « Les Femmes des petits théâtres. »

Pour vous donner envie d’aller découvrir cette étude, nous nous contenterons de citer quelques phrases de la conclusion :

« La manière dont Rétif s’approprie le monde du spectacle, monde public par excellence, en l’étayant de personnages fictifs et, il faut bien le dire, en s’y introduisant lui-même, en s’y donnant parfois un rôle avantageux, peut inviter le lecteur moderne à la défiance. Rétif joue avec le réel et, dans les nouvelles des Contemporaines, les indices référentiels du monde du théâtre sont constamment en concurrence avec la création d’un univers fictif, particulier à cet auteur, situation qui rejaillit sur la représentation picturale.

Images et textes observent le même fonctionnement. Qu’il s’agisse du vocabulaire employé, de la matière du récit ou des détails de l’image, nous sommes en présence d’une forte interprétation personnelle du monde réel, ce qui ne peut manquer de nous troubler. […]

Les images de théâtre des Contemporaines délivrent des informations précieuses sur les conditions de la création théâtrale de la fin du XVIIIe siècle : sur le jeu, la gestuelle des acteurs, les costumes, les relations hiérarchisées des vedettes et des artistes de second ordre, sur la hiérarchie des théâtres également. Il faut aussi considérer le répertoire – les pièces interprétées par les personnages sont pour la plupart mentionnées, parfois même des extraits sont cités.

On pourrait donc parler à propos des nouvelles comme à propos des gravures, d’une histoire souvenir, avec ses oublis, ses obsessions, son mépris des lois physiques de la pesanteur ou de la perspective. »

Vous découvrirez aussi par la même occasion le site du projet CESAR si vous ne le connaissez pas encore, Calendrier Electronique des Spectacles sous l’Ancien régime et la Révolution, projet ambitieux et très précieux pour tous les chercheurs.

http://www.cesar.org.uk/cesar2/conferences/cesar_conference_2006/JPlunian_paper06.html

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[1] ACTRICISME, subst. masc. Néol. d’aut. ,,Art de jouer sur la scène.“ (S. MERCIER, Néologie ou Vocabulaire de mots nouveaux, t. 1, 1801, p. 9). Étymol. ET HIST. 1770 (RESTIF DE LA BRETONNE, Idées singulières, II, 64 ds GOHIN 1903, p. 268 : l’Actricisme “ou la manière de jouer). Dér. de actrice* ; suff. -isme*.